Marche contre les violences policières : rallumer le courant au « Pays des Lumières »

« La violence est le dernier refuge de l’incompétence. » Isaac Asimov

5102, c’est le nombre de victimes de violences policières en France depuis… novembre 2018 !!! 5102 personnes, en moins de 5 ans, ça fait un peu beaucoup. Et ce n’est pas une affirmation d’un affreux gauchiste comme moi mais le recensement objectif opéré par le site violencespolicieres.fr, un observatoire se basant sur les signalements des victimes et des associations, mais également sur les enquêtes de journaux comme le Monde ou Libération. 

Quant au nombre de morts, le site Basta a comptabilisé 746 décès suite à une intervention des forces de l’ordre depuis 44 ans, soit une moyenne de 17 morts par an.

C’est pourquoi des manifestations se sont déroulées un peu partout en France ce samedi 23 septembre, à l’appel d’une centaine de syndicats et d’associations, comme la CGT ou Extinction Rebellion, et de partis politiques comme La France Insoumise ou encore Europe Écologie-Les Verts. Il ne s’agissait pas de manifester contre la police et les policiers, contrairement à ce qu’affirmaient en cœur et avec suffisance les représentants de la Macronie, de la droite et de l’extrême droite, mais de manifester pour la justice, pour Nahel et tous les autres, morts pour rien si ce n’est une doctrine policière de plus en plus violente.

Environ 400 personnes ont ainsi tranquillement défilé dans les rues d’Annecy samedi après-midi. On était très loin de l’ambiance violente et insurrectionnelle des chaînes d’informations en continue, CNEWS et BFM TV, passant en boucle les images d’une voiture de police caillassée lors de la manifestation à Paris.

La police et la gendarmerie doivent être au service de la population, pas du pouvoir en place ! Les forces de l’ordre, comme l’ensemble de nos services publics, souffrent depuis trop longtemps d’une instrumentalisation permanente du pouvoir politique, leur demandant toujours plus avec toujours moins de moyens.

Samedi, il ne s’agissait donc pas de manifester contre les policiers, mais contre la doctrine actuelle et l’instrumentalisation des forces de l’ordre, faisant augmenter dangereusement le degré de violence dans notre pays. Ce sur fond d’ascension de l’extrême droite et de ses discours racistes et factieux, sur lesquelles la droite dite républicaine et la majorité s’alignent aujourd’hui dans une faillite éthique et idéologique grave.

Voilà notamment ce que s’est permis de déclarer le député macroniste d’Annecy Antoine Armand au lendemain de la manifestation :

On peut lui répondre que la majorité actuelle n’arrive même pas à condamner les violences policières alors que des instances comme les Nations Unies s’en inquiètent à l’étranger.

On peut donc continuer ainsi ce dialogue de sourd en se renvoyant la balle, tandis que la famille Le Pen se frotte les mains. Ou alors on peut se mettre autour de la table et convenir qu’il y a un problème de montée de la violence et de doctrine de maintien de l’ordre en France qui nécessite surtout de redonner les moyens à tous les agents des services publics de notre pays de faire correctement leur travail : forces de l’ordre, mais également personnels de santé, enseignants, fonctionnaires de justice, toutes celles et ceux censés agir au nom de l’intérêt général du pays et qui voient leurs missions sans cesse rognées au nom de la rentabilité.

Tant que l’on cherchera des boucs émissaires, comme les étrangers, surtout lorsqu’ils sont musulmans ou supposés l’être, au lieu de regarder la réalité en face, et notamment la clochardisation programmée de nos services publics pour en offrir les missions sur un plateau aux grands groupes privés, on régressera collectivement au profit du pire. En l’occurrence l’extrême droite.

Alors puisqu’il paraît que nous sommes le « pays des Lumières », il serait grand temps de rallumer le courant !

Benjamin Joyeux

Publié par Benjamin Joyeux

Journaliste indépendant

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