Couverture médiatique de Gaza : le double standard permanent abîme notre liberté d’expression

  • Durant la manifestation du samedi 3 février à Genève pour réclamer le cessez-le-feu immédiat à Gaza, je suis intervenu pour souligner le danger que la couverture médiatique biaisée actuelle faisait peser sur notre propre liberté d’expression. Texte et vidéo ci-dessous :

« Alors que la Cour internationale de Justice, dans sa décision du 26 janvier dernier, saisie par l’Afrique du Sud, a considéré qu’il existait un risque « réel et imminent » d’un génocide contre les Gazaouis, appelant Israël à tout mettre en œuvre pour l’éviter, les bombardements de Tsahal n’ont fait que s’amplifier depuis.

Les Etats amis d’Israël comme la France ont condamné unanimement les actes terroristes du Hamas le 7 octobre dernier, mais depuis, le silence général face aux plus de 33 000 morts sous les bombes israéliennes à Gaza est absolument scandaleux. Ce deux poids deux mesures discrédite totalement la voix des Occidentaux en général, et de la France en particulier, portant les germes d’un conflit généralisé dans la région et au-delà.

Plus que jamais les citoyennes et citoyens de bonne volonté, favorables à la paix et au respect du droit international, doivent briser ce silence. Et c’est ce que nous faisons aujourd’hui. Il faut un cessez-le-feu immédiat à Gaza !

Mais il faut également qu’en nos contrées, la couverture médiatique totalement déséquilibrée de ce conflit change. La vie d’un enfant palestinien n’a pas moins de valeur que celle d’un enfant israélien !

Et pourtant ! Pourtant, depuis le 7 octobre dernier, nos grands médias français soutiennent quasiment à l’unanimité et de façon inconditionnelle la politique actuelle du gouvernement israélien d’extrême droite, muselant, diffamant ou stigmatisant sans vergogne toute opinion dissidente !

On avait pu observer pendant la pandémie du Covid et ses différents confinements les prémices d’un champ médiatique de plus en plus autoritaire. Des médias qui rangeaient systématiquement dans la case « complotistes » toutes les personnes qui se préoccupaient, à raison, des restrictions inquiétantes de nos libertés publiques. Ce phénomène a désormais pris une ampleur inédite avec la guerre à Gaza. Les principaux grands médias privés, dirigés par des milliardaires comme Vincent Bolloré, ont abandonné la neutralité journalistique pour choisir un camp, et c’est celui de l’extrême droite ! Par paresse intellectuelle ou par pur objectif idéologique, toute manifestation et tout soutien à la cause palestinienne, pourtant une tradition en France comme ici à Genève, subissent désormais le soupçon permanent et infamant d’antisémitisme, voire de sympathie pour le terrorisme, de la part de journalistes criant « au loup » à l’unisson du Ministre français de l’Intérieur.

Des militantes et militants de la paix se font museler, harceler, intimider, violenter, alors qu’ils réclament simplement ce qui devrait toutes et tous nous réunir, le respect des droits humains et des libertés fondamentales pour toutes et tous sur notre petite planète. Comme Rima Hassan, juriste franco-palestinienne qui subit actuellement un véritable acharnement de la part d’organisations et de personnalités pro-israéliennes.

Certains de nos grands médias français ont réussi l’exploit depuis le 7 octobre dernier d’exclure du champ républicain la France Insoumise et par ricochet l’ensemble de ses alliés de la gauche et des écologistes, comme moi, qui refusaient d’absoudre par avance le gouvernement israélien de Netanyahou – et que n’avaient-ils pas raison au vu de la catastrophe actuelle ?! – pour offrir un blanc-seing et des gages de respectabilité au Rassemblement National. Le parti de la fille Le Pen qui s’est même offert le luxe de manifester contre l’antisémitisme. Lui l’héritier des anti-Dreyfusards, de l’Action Française et de la Collaboration ! On aurait presque envie d’en rire tellement tout cela parait grotesque !

Non seulement la situation à Gaza est insupportable, mais de plus son traitement médiatique inique du double standard permanent abîme dans nos pays la liberté d’expression et de la presse et met en danger l’ensemble de nos libertés publiques !

Le combat pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza et plus généralement pour la sauvegarde de la paix passe donc également par le combat pour des médias totalement libres et indépendants. Alors servons-nous des réseaux sociaux et de tous les outils numériques dont nous disposons pour montrer la réalité de la situation là-bas, et défendons la liberté d’expression ici, plus que jamais menacée.

Comme l’écrivait Thomas Jefferson : « Notre liberté dépend de la liberté de la presse et elle ne saurait être limitée sans être perdue ».

Benjamin Joyeux

Publié par Benjamin Joyeux

Journaliste indépendant

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