Autoroute du Chablais, quand la loi gêne, suffit de la changer ?!

Une proposition de loi totalement de circonstance, visant à se passer de la révision d’un plan local d’urbanisme pour construire… une autoroute, va être débattue à l’Assemblée ce mercredi 14 juin à 15h30. A l’heure de l’urgence climatique absolue, de la lutte nécessaire contre l’artificialisation des terres et de la nécessité d’investir massivement dans le ferroviaire, l’autoroute du Chablais est le symbole de tout ce qu’il ne faut plus faire :

N’hésitez pas à signer ci-dessous la pétition d’Agir pour l’environnement et à saisir également vos parlementaires :

https://clicandprotest.agirpourlenvironnement.org/?fbclid=IwAR3mcIA-a1sOX8ImnHAuTxQhgxld4D2QRUk76bj33Ar6YuunR5CJdbHSI3o

Chaque année en France, entre 20 000 et 30 000 hectares de terres sont artificialisés par les activités humaines. « Artificialisé », ça veut dire transformer un sol agricole, naturel ou forestier par des aménagements pouvant entraîner son imperméabilisation. Ou pour le dire plus simplement bétonner là où avant il y avait de la nature. Et 30 000 hectares, c’est plus que la superficie de la ville de Marseille.

Cette artificialisation des sols augmente presque 4 fois plus vite que la population et pose donc de très graves problèmes ayant des impacts directs sur notre vie à tous.

Par ailleurs, Les lois sur l’urbanisme sont censées être les mêmes sur tout le territoire, et les enquêtes publiques qui ont lieu avant l’adoption des Plans locaux d’urbanisme, les fameux PLU, doivent fournir une information éclairée au public.

Pourtant dans le territoire du Chablais, en Haute-Savoie, un certain nombre d’élu.e.s n’admettent pas que le passage d’une révision d’un plan local d’urbanisme pour y ajouter une autoroute judicieusement oubliée lors de sa rédaction soit nécessaire : ces irréductibles élu.e.s résistent encore et toujours à l’environnement. Ils sont les fervents défenseurs d’un projet d’autoroute d’un autre temps, la tristement célèbre « autoroute du Chablais », entre Machilly et Thonon-les-Bains.

Ainsi deux sénateurs les Républicains de Haute Savoie ont fait adopté en janvier dernier une proposition de loi de circonstance permettant de passer outre les procédures habituelles pour accélérer le lancement de la construction de l’autoroute. Cette PPL a été adoptée par le Sénat et est étudiée ce mercredi 7 juin par l’Assemblée nationale.

Il faut peut-être rappeler d’abord que la loi est « l’expression de la volonté générale ». C’est l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789. Si à chaque fois qu’un plan local d’urbanisme entrave le calendrier des bétonneurs, une loi de circonstance est adoptée par le Parlement, en passant outre le droit et les prérogatives des collectivités, autant en finir tout de suite avec les procédures démocratiques.

Au-delà de la grossièreté de la manœuvre et de la piètre image qu’elle donne du sens de l’intérêt général, il est urgent de réorienter les transports dans le Chablais et ailleurs avec un autre projet : une politique qui favorise les transports en commun et qui en finisse avec le tout routier, une vision totalement obsolète à l’heure de l’urgence climatique absolue.

Pour le climat, pour la défense de la biodiversité, pour le maintien de bonnes relations franco-genevoise, pour aller dans le sens de l’Histoire et de l’intérêt général, ce n’est pas d’une loi de circonstance dont nous avons besoin mais d’une vision politique enfin digne du 21e siècle. 

A bon entendeur !

Publié par Benjamin Joyeux

Journaliste indépendant

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